Illustration café éthiopien

Comprendre le marché du café en Ethiopie

Nous vous proposions déjà ici un guide sur le café éthiopien, que vient compléter ici notre guide sur le marché du café en Ethiopie. En effet, les passionnés de café s’attachent à comprendre les modes de production et de consommation de leur produit favori, et le mode de fonctionnement des pays producteurs. L’Éthiopie fait figure de pays emblématique lorsque l’on parle du marché du café international, puisqu’il s’agit à la fois d’un des pays avec l’histoire du café la plus riche et la plus ancienne (arabica), mais aussi d’un pays de producteurs dynamiques, à la géographie particulière. De plus, il faut bien comprendre que les éthiopiens sont eux même de grands consommateurs de café, ils ne se contentent pas de produire pour l’exportation.

illustration d'une distribution de café en Ethiopie

La géographie de la production de café en Ethiopie

Comme nous l’avions mentionné précédemment, le marché du café en Ethiopie est atypique puisqu’il est majoritairement constitué d’une myriade de petits et de moyens producteurs qui opèrent via des méthodes assez traditionnelles dans la récolte et la préparation des cerises de café. La grande majorité de la production du pays se concentre sur des zones géographiques particulières, notamment les haut plateaux et plus précisément les zones de forêts qui les couvrent. La conséquence directe de cette géographie particulière et de ce morcellement, c’est que les méthodes agricoles et la manière de récolter demeurent assez traditionnelles à travers le pays. En conséquence, une grande partie de la production éthiopienne de café se targue d’être biologique, cependant la plupart des exploitants ne s’impliquent pas encore dans des démarches de labellisation pour leur permettre d’afficher officiellement la mention BIO sur leurs produits.

 

L’autre particularité de ce pays, c’est qu’il s’agit d’un pays très consommateur de café. En effet, c’est plus de  50% de la production nationale qui est consommée directement sur place, ce qui impacte forcément les attentes des producteurs qui sont eux même consommateurs. Les goûts recherchés sont donc ceux des cafés traditionnels que la population consomme quotidiennement, ce qui assure une certaine homogénéité historique dans l’élevage des caféiers et dans les méthodes agricoles.

 

Attention cependant, car pour être exhaustif il faut aussi mentionner la présence dans le pays d’une certaine forme de production intensive. Cette dernière est en grande partie liée aux anciennes productions d’État, qui ont été privatisées depuis. Ces dernières ont cependant conservé des méthodes de production intensive de type industriel. Si la grande majorité de la production du café éthiopien se fait à plus de 1500 mètres d’altitudes, ce n’est pas toujours le cas de ce type d’exploitation. Il faut cependant relativiser l’importance de ce type d’exploitation dans le pays, puisqu’il ne s’agit que de 5% de la production totale du pays, et que ce pourcentage est tout à fait stable sur les dernières années.

 

Comme pour le vin ou pour le chocolat, le café s’est enfin vu considéré comme un produit de terroir par le grand public depuis la dernière décennie. C’est un aspect gustatif et commercial particulièrement important pour le café ethiopien, lié aux micros-exploitations notamment qui travaillent sur des parcelles à la superficie réduite et dont le goût du produit fini varie entre chaque parcelle. Les consommateurs les plus avertis de café de spécialité en Europe notamment sont capables de rechercher des grains de café en provenance d’une zone exacte, voire d’une exploitation particulière, lorsqu’ils sont habitués à ce type de goût.

Photo d'un paysage éthiopien comprenant des montagnes et un coucher de soleil

Quelques chiffres sur la production éthiopienne de café

L’un des chiffres clé à retenir sur la production éthiopienne de café, c’est le fait que plus de la moitié de cette dernière est consommée par les habitants du pays. Il s’agit, pour beaucoup d’analystes, de la meilleure garantie qui soit pour assurer de conserver un goût particulier et des méthodes d’élevage traditionnelles. Pourtant le pays produit plus de 200 tonnes métriques de café tous les ans ! De plus, les dernières estimations indiquent que près de 400 000 hectares de la surface agricole du pays sont occupés pour la production de café.

 

Le marché du café éthiopien se porte, bien, avec une croissance de l’ordre de 5% sur les 5 dernières années. Plusieurs grandes marques (plutôt orientées vers le grand public) travaillent en Ethiopie depuis de nombreuses années, notamment en achetant les cerises de café à des coopératives locales qui regroupent parfois plusieurs dizaines d’exploitants. Parmi ces grandes marques, on retrouve notamment des acteurs “mastodontes” de l’industrie agroalimentaire, dont certains français, ou bien encore un géant américain du café à emporter. Ces grandes marques profitent généralement du l’aspect fragmenté et hautement concurrentiel du marché ethiopien, en effet cet aspect du marché leur simplifie la négociation de prix avantageux. Certaines dissensions aujourd’hui réglées ont heurté le rapport entre ces marques et les producteurs éthiopiens (voir notamment le conflit autour de l’appellation Harrar et de la marque Starbucks).

 

Il faut savoir aussi que le marché est très segmenté entre deux modes de consommation du café qui sont aux antipodes l’un de l’autre. En effet, l’Ethiopie est un pays de prédilection pour les amateurs de café de spécialité, mais une très grande part de la production nationale est achetée par des marques qui manufacture du café instantané. D’ailleurs, une grande partie de la consommation nationale se tourne vers le café instantané, dont la praticité séduit les habitants du pays.

 

Si le marché lui-même se porte bien, avec des perspectives de croissance intéressantes pour les années à venir, il faut savoir que l’épidémie de Covid à provoqué un net recul de la consommation locale et a diminué les exportations. Pendant plus d’un an, les chiffres de vente locaux ont baissé de près de 30%, du fait notamment d’un confinement strict imposé par les autorités pour enrayer la propagation de l’épidémie.

 

Le gouvernement s’intéresse de près à la production de café. Conscient de son positionnement international, comme premier pays producteur de café en Afrique et cinquième producteur mondial, il s’agit d’une des richesses les plus importantes du pays. Le café participe activement au développement de l’économie éthiopienne. On considère que les exploitations éthiopiennes représentent près de 5% de la production de café mondial. Le gouvernement à d’ailleurs mis en place un système de classification du café qui comporte 8 grades. La méthode de classification repose sur l’analyse de 300 grammes de cerises de café, dont sont extraits les grains qui sont impropres à la consommation. Si les analystes trouvent plus de 153 “défauts”, c’est-à-dire 153 grains impropres à la consommation lors de l’analyse, le lot de café est considéré comme non exportable. Par ce procédé, le gouvernement éthiopien s’assure du maintien de la bonne réputation du café arabica à l’international, et de prix intéressants pour les exportateurs et enfin de la pérennité du secteur.

Photo d'un vieille homme éthiopien assis avec les mains qui reposent sur une canne
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